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Crise Maroc-Espagne: cet inadmissible soutien financier des Canaries au Polisario

Crise Maroc-Espagne: cet inadmissible soutien financier des Canaries au Polisario

Alors que Madrid fait semblant de réparer ses relations avec un partenaire incontournable comme le Maroc, le gouvernement des Canaries a son propre agenda.

Empêtré depuis plusieurs mois dans une crise diplomatique sans précédent avec le Maroc, suite à l’entrée en catimini du chef du Polisario, Brahim Ghali, sur son territoire en avril dernier, le voisin du nord semblait vouloir rectifier le tir. Semblait seulement. La première décision notable dans ce sens a été le limogeage de la ministre des Affaires étrangères d’alors, Arancha González Laya, et son remplacement par José Manuel Albares Bueno. Lors de sa prestation de serment, en juillet 2021, ce dernier a même insisté sur la nécessité de renforcer les relations de son pays, «notamment avec le Maroc», qualifié de «grand ami».

Grande perdante si la situation ne change pas, l’Espagne a adopté au fil des mois une posture, plutôt timide, allant dans le sens de la «réconciliation» avec un partenaire incontournable comme le Maroc. Du moins en surface. Et même lorsque la Cour de justice de l’Union européenne a rendu son verdict concernant les accords agricole et de pêche Maroc-UE, le gouvernement espagnol, à travers son ministre de l’Agriculture, Luis Planas, a déclaré que «cette décision ne remet évidemment pas en cause nos relations avec notre partenaire stratégique, le Maroc, ni l’amitié et la coopération qui nous unissent». Naturellement, parce que la mesure n’arrangeait pas les affaires de l’Espagne.

Habitué au double jeu de Madrid, le Maroc est resté vigilant, attendant des actions concrètes. Mais rien de tangible ne fut fait. Tout le contraire. Le 2 décembre dernier, le gouvernement des Canaries a annoncé l’octroi direct d’une subvention de 640.000 euros à l’Association canarienne d’amitié avec « le peuple sahraoui ». «A travers cette initiative, l’Exécutif présidé par Ángel Víctor Torres renouvelle son soutien et son engagement envers ce collectif pour son travail humanitaire dans les camps de réfugiés de Tindouf», détaille le communiqué officiel annonçant l’aide. Il annonce surtout la couleur d’un soutien ferme aux séparatistes du Polisario.

Au-delà de son caractère provocateur et aux antipodes du rétablissement souhaité des relations diplomatiques Rabat-Madrid, cette aide soulève des questions. Comment un gouvernement autonome confronté à la pire crise de son histoire, combinant les ravages de la Covid-19, la paralysie résultante du tourisme, ou encore les conséquences de l’éruption du volcan Cumbre Vieja, se permet-il de faire un don aussi important?

Aussi, comment comprendre que cette somme soit destinée à une organisation connue pour avoir perpétré des actes terroristes contre des pêcheurs canariens, à savoir le polisario? Pour rappel, dans les années 70 et 80, les bateaux de pêche «Cruz del Mar» et «Mencey de Abona» ont été les cibles d’attaques des milices du du groupe séparatiste dans la zone entre le Sahara et les Iles Canaries. Plusieurs pêcheurs canariens ont perdu la vie. Brahim Ghali est d’ailleurs accusé d’«assassinats contre des travailleurs canariens» par l’Association canarienne des victimes du terrorisme, suite à ces événements malheureux.

Les belles paroles et autres promesses mises de côté, aussi bien les Canaries que l’Espagne, dont l’aval sur ce genre de manœuvres serait plus que nécessaire, ont choisi leur camp. Et insulté l’avenir de la pire des manières.

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