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Immobilier: quand un promoteur épingle le syndic pour cacher ses méfaits

Immobilier: quand un promoteur épingle le syndic pour cacher ses méfaits

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Le syndic d’une résidence regroupant 160 logements à Oualidia se trouve en ballottage entre la volonté des copropriétaires d’ajourner une assemblée générale sans enjeu et les pressions exercées par le promoteur pour que celle-ci ait lieux. La vérité est ailleurs. Les détails.

C’est l’histoire d’une (simple) assemblée générale de copropriétaires d’une résidence à Oualidia, près d’El Jadida, comptant 160 logements, et qui, pour des raisons aussi objectives qu’évidentes, ne peut pas se tenir dans les conditions prévues par la loi. Mais que le promoteur du projet, lui-même propriétaire d’un certain nombre de biens dans le complexe, tient absolument à faire, quitte à user et abuser de tous les moyens possibles. Histoire d’assurer sa fuite en avant par rapport à nombre de reproches qui lui sont faits. Le bouc émissaire n’est, naturellement, autre que le syndic.

Tout a commencé le 12 janvier 2022 quand ce même syndic, un organisme privé et indépendant mandaté par les copropriétaires, a déposé une demande d’autorisation de tenue d’une assemblée générale ordinaire auprès des autorités. Celle-ci devrait se tenir le 29 de ce mois, mais aucune réponse n’est pour l’heure parvenue au syndic. Ceci, alors que la loi stipule un délai de 15 jours entre l’avis de sa tenue, dont les copropriétaires doivent être informés, et son déroulement effectif. Mais là n’est pas tout. Renseignement pris, il se trouve que tous les copropriétaires ne sont pas présents sur place, la résidence, dénommée «Les jardins de la Lagune», étant un lieu de villégiature dont les acquéreurs sont hors-site en dehors de la saison estivale. Certains, et ils sont nombreux, sont des Marocains résidant à l’étranger.

Mieux encore, la situation sanitaire et les dispositions légales limitant les rassemblements afin d’éviter la propagation du coronavirus plaident également pour un report de cette AGO. Des habitants, atteints du Covid-19, ont de surcroît clairement précisé, et par écrit, leur incapacité à y participer. D’autant qu’«il n’existe aucun enjeu majeur pour cette assemblée», le syndic «ayant déjà été reconduit en septembre dernier pour deux années supplémentaires et l’ordre du jour se limitant à statuer sur une double signature du conseil syndical et du syndic et une revue à la baisse des cotisations». Officiellement.

Quand on gratte la surface, on découvre une volonté ferme du promoteur pour que cette AGO se tienne coûte que coûte. «Certainement pour un agenda encore obscure», note ce voisin. Il s’avère effectivement que, épinglé par la justice pour non-paiement des cotisations depuis 10 ans, ayant lui-même des biens en sa possession au sein de cette résidence, le promoteur veut assurer sa fuite en avant. Il semble avoir, à cette fin, chargé une ancienne employée aujourd’hui à la retraite et un de ses prestataires, géomètre de profession, de mener une fronde contre le syndic. Dans un premier temps, ils auraient, selon le syndic tenté d’influencer le dossier judiciaire entre le promoteur et la copropriété en demandant notamment à plusieurs reprises le changement de l’avocat en charge du dossier, jusque-là sans succès.

Puis à travers les réseaux sociaux, notamment WhatsApp, et avec l’appui d’une minorité de résidents, les deux individus ont mené une véritable campagne de dénigrement contre le syndic, l’accusant… de vol et de négligence. A noter, selon les éléments recueillis in situ, que certains partisans de ces manœuvres ne sont autres que des personnes ayant acheté des garages aujourd’hui objets de saisie pour non-paiement de dettes de la part du promoteur. Leur «ralliement» cacherait donc une entente tacite. La finalité est, de toute évidence, de renverer le syndic en fonction. D’où l’insistance pour la tenue de l’AGO. «Il y a certes la possibilité de faire recours pour invalider cette assemblée par la Justice, même si elle se tient. Mais il est préférable de ne pas en arriver là. Ce qui explique la demande de report», explique cette source proche du dossier. Affaire à suivre.

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