Près de 80% des cigarettes marocaines ne sont pas conformes aux normes internationales. Le 6 septembre dernier, le Conseil de gouvernement a adopté un projet de décret fixant les taux maximums de goudron, de nicotine et de monoxyde de carbone dans les cigarettes.
Tout d’abord, il faut noter que toutes les cigarettes sont nocives. Et ce, même si les taux de goudron, de nicotine et de monoxyde de carbone varient d’une marque à une autre. Le projet de décret vient pour unifier ces disparités. Les taux devront donc se limiter à 10 mg de goudron, 1 mg de nicotine et 10 mg de monoxyde de carbone par cigarette. D’où son appellation «10-1-10».
Au Maroc, il n’existe qu’une seule entreprise de fabrication et de commercialisation de produits de tabac: la Société marocaine des tabacs (SMT). «Marquise», une de ses marques phares, représente à elle seule près de 30% de parts du marché marocain. D’ailleurs, les marques dont les paquets affichent une contenance de 14-1-14 représentent 72% du marché national du tabac.
Toujours au royaume, Marlboro, la marque de cigarette la plus populaire au monde, affiche elle aussi des contenances ne respectant point les normes internationales: 12-1-12.
Pour rappel, le marché du tabac a été libéralisé en 2011. Et l’année suivante, sa mise en conformité avec les normes internationales a été proposée. Mais cette dernière a été rejetée. Aujourd’hui, le décret est enfin publié au Bulletin officiel. Néanmoins, avant son entrée en vigueur, le gouvernement devra décider d’un bon nombre d’arrêtés. Ceci, dans le but de définir les différentes modalités relatives à l’uniformisation de ces taux. Car même dans certains pays occidentaux, ces changements se sont fait entre 5 à 10 ans.
Pour vous éclairer sur le côté santé de cette décision, Imane Kendili, psychiatre et addictologue, a pris le temps de répondre aux questions de Ni9ach21.
Ni9ach21: Pourquoi cette décision?
Imane Kendili: Tout d’abord, il faut savoir que c’est la combustion qui crée tous les problèmes liés aux affections organiques, aux cancers, etc. Par conséquent, la norme internationale impose donc que les cigarettes marocaines contiennent moins de goudron et de monoxyde de carbone. Donc ce sont des risques cardiovasculaires, des risques de pneumothorax et des risques cancérologiques en moins!
Quant à la norme de la nicotine, celle-ci est autant importante. La nicotine est un produit addictif qui fait qu’on fume beaucoup de cigarettes. Mais ce n’est pas le produit responsable des maladies organiques. Parallèlement, plus le taux de nicotine sera important dans les cigarettes, plus on va fumer de cigarettes. Ainsi, on aura plus de combustions et, bien sûr, plus de risques.
Que pensez-vous de cette décision?
A mon avis, c’est une décision responsable et engagée. On l’attend depuis un bon moment. Il faut aussi souligner qu’il faut appliquer la loi 15-91 relative à l’interdiction de fumer et de faire de la publicité et de la propagande en faveur du tabac dans certains lieux publics. Donc, bien entendu, c’est extrêmement important d’être conforme aux normes internationales.
Quel est son réel impact au niveau de la santé?
Au niveau de la santé, son réel impact est de pouvoir réguler de manière à réduire les risques. Maintenant, le mieux serait bien sûr de ne pas fumer du tout, mais avoir des standards internationaux est déjà une très bonne chose pour pouvoir avancer. Néanmoins, il faut également des stratégies de prévention et de sensibilisation tertiaire et d’arrêt de tabac.
Chez les fumeurs, qu’est-ce qui peut arriver?
Logiquement, ils vont fumer plus. S’ils sont habitués à de fortes doses de nicotine, ceux-ci risquent de fumer plus de cigarettes que d’habitude. C’est comme ça qu’ils arriveront à assouvir leur soif. Par contre, quand l’intéressé est responsable et engagé et qu’il voit que de nouveaux standards ont été mis en place et que des médias responsables sensibilisent les gens sur les dangers du tabac, il est obligé de respecter. Car il est conscient du fait que le tabac tue et que la santé et la réduction des risques sont très importantes, surtout en ces temps de Covid-19.
