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L’ONU appelée mardi à voter sur une obligation de justifier le recours au veto

L’ONU appelée mardi à voter sur une obligation de justifier le recours au veto

Les 193 pays membres de l’Assemblée générale des Nations unies sont appelés mardi 26 avril à voter une résolution obligeant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à justifier leur recours au veto, une réforme rare et controversée relancée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Ciblant directement les États-Unis, la Chine, la Russie, la France et le Royaume-Uni, seuls détenteurs du veto, la mesure initiée par le Liechtenstein va permettre de leur «faire payer un prix politique plus élevé» lorsqu’ils y auront recours, estime un ambassadeur d’un pays n’en disposant pas et demandant à garder l’anonymat. C’est une «simple réforme de procédure», rétorquent les détracteurs de l’initiative. Poussera-t-elle les cinq membres permanents à moins utiliser le veto? Ou aura-t-elle un effet incitatif à en provoquer sciemment contre des textes d’emblée inacceptables? Le débat n’est pas tranché.

Avancée pour la première fois il y a deux ans et demi, la réforme prévoit une convocation de l’Assemblée générale «dans les dix jours ouvrables suivant l’opposition d’un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité, pour tenir un débat sur la situation dans laquelle le veto a été exprimé», selon le texte proposé.

Une soixantaine de pays ont rejoint le Liechtenstein pour le co-parrainer, dont les États-Unis, un ralliement express qui a surpris à l’ONU, y compris parmi ses plus proches alliés. Si le Royaume-Uni et la France voteront pour la réforme, ils se sont abstenus de la co-parrainer. La position de la Russie et de la Chine n’est pas connue mais elles ne figurent pas parmi les parrains du texte. Il va «diviser» encore davantage l’ONU, estime un diplomate d’un de ces deux pays sous couvert d’anonymat.

295 veto depuis 1946

Le projet «crée une nouvelle procédure», indique l’ambassadeur du Liechtenstein, Christian Wenaweser, et, assure-t-il, «il ne vise personne».

«Il n’est pas dirigé contre la Russie», insiste-t-il alors que la proposition d’un vote après plus de deux ans de gestation infructueuse coïncide avec la paralysie du Conseil de sécurité pour faire arrêter l’invasion russe, due au droit de veto de Moscou, ainsi qu’avec une mobilisation internationale anti-russe rare.

Pour les États-Unis, il est clair que la Russie abuse de son droit de veto depuis deux décennies et le texte proposé a vocation à y remédier.

La résolution veut «promouvoir le rôle des Nations unies, le multilatéralisme et la voix de nous tous qui ne détenons pas de droit de veto et ne siégeons pas au Conseil de sécurité sur les questions de paix et de sécurité internationales», fait valoir Christian Wenaweser. Le texte n’est pas contraignant et rien n’empêche un pays ayant utilisé son veto de ne pas venir l’expliquer devant l’Assemblée générale. Son application «jettera la lumière» sur le recours à ce droit et sur les «blocages» du Conseil de sécurité, fait valoir toutefois un ambassadeur demandant à ne pas être identifié.

Outre ses cinq membres permanents, le Conseil de sécurité compte aussi dix membres élus pour deux ans, sans droit de veto. Parmi les co-parrains de la résolution figurent, outre l’Ukraine, le Japon et l’Allemagne, deux États aspirant à un statut de membre permanent dans un éventuel Conseil de sécurité élargi (un élargissement dans l’impasse depuis des années) pour mieux représenter le monde actuel. Mais ni le Brésil ou l’Inde, autres postulants potentiels à une position permanente au Conseil, ne sont dans la liste de co-parrainages obtenue par l’AFP.

Depuis le premier veto jamais utilisé (par l’Union soviétique en 1946 sur le dossier syrien et libanais), la Russie y a recouru 143 fois, loin devant les États-Unis (86 fois), le Royaume-Uni (30 fois), la Chine et la France (18 fois chacune).

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