Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré, jeudi 23 décembre, que les missions diplomatiques à Rabat et à Berlin devraient reprendre dès que possible leurs «canaux de communication professionnels habituels». Bientôt la fin de la crise diplomatique?
Dans un communiqué publié le 22 décembre 2021, la diplomatie marocaine a déclaré qu’elle apprécie «la déclaration positive et les positions constructives» récemment exprimées par le nouveau gouvernement fédéral allemand sur les relations entre les deux pays. Berlin a réagi le lendemain, déclarant qu’il est l’heure plus que jamais de «faire avancer les relations germano-marocaines par le dialogue». Mais d’où vient la crise diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne ?
«Divergences profondes sur des questions cruciales»
Le 6 mai 2021, le Maroc a convoqué son ambassadrice à Berlin, Zohour Alaoui, pour des consultations, en raison de positions «négatives» de l’Allemagne au sujet du Sahara marocain et de la «tentative d’exclure Rabat des réunions régionales sur la Libye». Cette décision intervenait deux mois après que le royaume avait rompu ses relations avec l’ambassade de Berlin à Rabat, début mars, en raison de «divergences profondes sur des questions cruciales (qui n’ont pas été expliquées à l’époque)».
Le 4 décembre 2021, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré dans un discours devant la Chambre des conseillers que les relations entre Rabat et Berlin «devraient se baser sur la clarté et la réciprocité». Et trois jours plus tard, l’ambassade d’Allemagne à Rabat a appelé via les réseaux sociaux à la reprise des «relations diplomatiques traditionnellement bonnes et élargies» qui existaient entre les deux pays. «Ces derniers jours, de fausses informations sur les relations germano-marocaines ont été diffusées de diverses manières», a poursuivi la représentation diplomatique dans un communiqué sur les réseaux sociaux.
L’Allemagne ne s’est pas arrêtée là dans son intention de relancer son partenariat avec le Maroc. Le 14 décembre 2021, un communiqué de la diplomatie germanique indiquait que le projet d’autonomie constituait une «contribution importante» du Maroc dans le règlement du différend sur la région du Sahara.
Cette nouvelle position de Berlin n’a pas laissé les autorités marocaines indifférentes. «Ces annonces permettent d’envisager une relance de la coopération bilatérale et le retour à la normale du travail des représentations diplomatiques des deux pays à Rabat et à Berlin. Le Royaume du Maroc espère que ces déclarations se joindront aux actes pour refléter un nouvel état d’esprit et marquer un nouveau départ de la relation sur la base de la clarté et du respect mutuel», a réagi le département de Bourita, mercredi dernier.
Enfin, jeudi, la diplomatie allemande a précisé que les missions diplomatiques respectives des deux pays devraient reprendre leurs «canaux de communication habituels et professionnels» dès que possible, selon plusieurs médias.
Un partenariat économique solide
La normalisation entre Rabat et Berlin est dans l’intérêt des deux parties, qui entretiennent des relations depuis 1956, et ce, dans différents domaines. Déjà, en ce qui concerne la coopération économique bilatérale, près de 300 sociétés allemandes sont installées au Maroc, en particulier à Casablanca et à Tanger. Au niveau des échanges commerciaux, durant l’année 2019, le Maroc a importé 2,2 milliards d’euros de marchandises de l’Allemagne et en a exporté pour 1,4 milliards d’euros. La puissance européenne était le 7e partenaire commercial du royaume cette année.
Egalement, les deux pays ont accordé depuis 2012, une place importante au partenariat énergétique maroco-allemande pour la mise en œuvre de la stratégie marocaine en la matière, et ce à travers le financement allemand des quatre centrales solaires du complexe solaire à Ouarzazate, du complexe solaire Noor Midelt, des centrales photovoltaïques dans l’Atlas et à Argana, du programme éolien intégré, du programme lampes basse consommation, de l’efficacité énergétique dans les bâtiments publics, du projet de renforcement du réseau électrique et du projet de réhabilitation et de télégestion des centrales hydroélectriques. Les autres secteurs de la coopération bilatérale maroco-allemande incluent l’eau, le développement économique durable, l’environnement, la gouvernance démocratique/régionalisation et la migration.
Au niveau du tourisme, le Maroc est une destination prisée des touristes allemands, qui représentent environ 6% des touristes étrangers. Mais les champs de développement dans ce domaine restent prometteurs.
Notons, pour finir, qu’il y a plus de 180.000 Marocains résidant en Allemagne, représentant ainsi la deuxième communauté la plus importante dans le pays.
