Exposition: «Studios» de Mehdy Mariouch ou quand les photographes prennent la pose
L’Institut français de Meknès abritera du 26 janvier au 26 février l’exposition «Studios» du photographe Mehdy Mariouch. Avant-goût.
Pour «Studios», Mariouch a braqué son objectif sur les labos photo, à l’ancienne, de différentes villes du Maroc, les rares qui restent en activité au Maroc. Le photographe a ainsi parcouru les studios de Tanger, Tétouan, Missour, Bejâad ou encore Casablanca. Comme l’arroseur arrosé, Mariouch a proposé aux photographes de poser à leur tour dans leurs propres décors de prises de vues. Le but: immortaliser autant le sujet que le cadre qui l’entoure. Mais aussi rendre hommage au «métier».
Chaque marocain est passé par ces studios au moins une fois dans sa vie. Pour immortaliser une célébration, prendre une photo de famille ou un simple portrait, ou encore pour une procédure administrative, c’est vers ces ateliers que l’on se dirigeait. Dans son «laboratoire», l’imagination du photographe n’avait pas de limite. Celui-ci réinventait autant de couchers de soleil, de jardins fleuris, d’arcades, de paysages et de plages qu’il voulait. L’on pouvait passer d’un univers à un autre ou, mieux encore, dépasser les frontières réelles à travers un procédé de faux semblants.
«À travers leurs clichés, ces photographes que j’ai rencontrés semblent avoir décidé d’arrêter le temps. Ils protègent leurs labos comme des renards qui défendent leurs terriers. Ils conservent un mode de fonctionnement et un cadre de travail classiques, figés, presque immuables. Soit parce qu’ils le veulent ainsi, soit faute de moyens. Ces labo-photos, où la mémoire est sauvegardée et protégée, sont des cocons foisonnant de vies intérieures malheureusement oubliés des autres», s’émerveille Mariouch à propos de ces mannequins uniques.
Pour rappel, Mehdi Mariouch a découvert sa passion pour la photographie dès le lycée, notamment grâce à l’artiste français JR. Après un cursus à l’Ecole supérieure des beaux arts de Casablanca, il devient photojournaliste et travaille avec plusieurs médias. Il s’intéresse très vite aux «gens ordinaires souvent marginalisés» et décide de transformer son travail en «témoin de situations et de vécus».
Avec «Studios», l’artiste veut porter notre regard sur chaque photographe, dans son studio où des milliers de personnes sont passés pour des clichés. Pour lui, «rendre hommage à ces photographes c’est rendre hommage à la photographie. Et c’est aussi ma vision pour développer un travail de mémoire. Puisque sans celle-ci, notre présent et notre futur n’auraient plus de sens».
