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Vidéo. Mouraja3ate, ép. 4: de la longue histoire de la réforme religieuse au Maroc

Vidéo. Mouraja3ate, ép. 4: de la longue histoire de la réforme religieuse au Maroc

Dans cet épisode de son podcast «Mouraja3ate», Mohamed Abdelouahab Rafiqui nous replonge au cœur des tentatives de réforme religieuse au Maroc.

Pour le penseur et chercheur en études islamiques, les premières réformes religieuses au Maroc datent du 16ème siècle, soit bien avant celles enclenchées au Moyen-Orient, même si leur portée était plus modeste. «Le premier à avoir essayé de faire bouger les choses était Ibn Abdoun El Maliki. Ce savant musulman de Chefchaouen a milité pour plus d’égalité pour les femmes. Il a notamment émis une fatwa accordant à la femme la moitié de ce que possède son époux en cas de divorce… ou de décès», indique Rafiqui. Cette fatwa a suscité l’ire des congénères d’El Maliki… avant de servir de base à l’actuelle Moudawana, adoptée en 2004.

Il y a également eu le mouvement initié par Hassan El Youssi au 17ème siècle, et qui n’a eu de cesse de combattre l’illettrisme et de lutter pour un enseignement de qualité pour tous (déjà à l’époque). «Pour lui, l’éducation était à la base de tout. Et il ne cessait d’envoyer des missives aux dirigeants de l’époque pour les sensibiliser à l’importance de l’enseignement, notamment dans le monde rural. Tout comme il a fait sien le combat contre la superstition et la sorcellerie, ainsi que la lutte pour la justice sociale et la répartition équitable des richesses», précise le penseur. 

Les courants réformateurs vont se massifier après l’apparition en Egypte de figures comme Jamal-Eddine Al Afghani et Mohamed Abdou, porte-drapeaux de la réforme religieuse en Orient à la fin du 19ème siècle. «L’élément déclencheur de cette nouvelle prise de conscience a été la défaite marocaine devant les puissances occidentales lors de la bataille d’Isli, en 1844. On a vu alors émerger des personnalités comme Abou Chouaïb Doukkali, à qui on doit tout un mouvement réformateur dénommé la Salafia nationale et qui a joué un grand rôle dans la promotion des droits de l’Homme à l’époque, notamment le droit des femmes à la scolarité», relate Rafiqui. 

Parmi ses disciple, il y a d’ailleurs eu un certain Larbi El Alaoui, qui a été jusqu’à s’opposer à certains hadiths (les dires attribués au prophète Mohammed) qui, même authentifiés, étaient contraires à la logique et à la raison. «Il s’est, à ce propos, opposé à l’obligation du port du voile et du voile intégral par les femmes et a décrété que les intérêts bancaires n’étaient pas licites», précise le chercheur. 

Après lui, on compte également El Hajoui Tâalibi, El Mokhtar Soussi et un certain Allal El Fassi qui ont initié toute une discipline juridique musulmane, «Maqasid», soit celle prônant non pas une interprétation littéraire du texte religieux, mais une lecture qui retient les finalités de telle sourate du Coran ou tel hadith du prophète et ce qui en est attendu au profit de l’individu et de la collectivité. 

Au Maroc comme ailleurs, ces tentatives ont toutes été vouées à l’échec, pour des considérations politiques notamment, et ont vite été mises de côté au profit d’une véritable invasion: celle du wahhabisme qui n’en finit pas de faire des dégâts (et c’est peu dire) et de générer bien des extrémismes. 

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