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Pour quel cabinet-conseil votez-vous ?

Pour quel cabinet-conseil votez-vous ?

Quand un président de région fait payer à la collectivité qu’il dirige près de 9 millions de DH pour trouver une vision, ne serait-il pas moins coûteux et plus rapide que les électeurs votent directement pour les cabinets-conseil ?

A quoi sert-il d’organiser des élections et de soumettre à la volonté populaire la question du choix d’un Parti qui gérera les affaires publiques ? Cette question me taraude l’esprit depuis plusieurs semaines, lorsque j’avais lu que le nouveau président de la Région de Casablanca-Settat avait décidé de recourir au cabinet BCG (The Boston Consulting Group) pour l’élaboration d’un programme de développement de cette méga-région du Royaume. Une commande qui va coûter aux caisses de cette collectivité – donc aux contribuables – la somme faramineuse de 8,64 millions de DH.

Cette affaire suscite trois interrogations principales :

1-    Normalement, quand je vote pour un Parti, je le mandate pour gérer ma commune ou ma région sur la base d’un programme d’action qu’il m’avait présenté. C’est ce qui est censé faire la différence entre les candidats des différents Partis. Or, si je vote pour la liste de M. Maazouz pour qu’il vienne utiliser notre argent afin de se chercher une vision pour la région, à quoi me sert-il ? et quelle est la différence entre sa candidature et celles des autres Partis ?

2-    Et si, le besoin se présente d’affiner une vision avec des études et de l’expertise, pourquoi recourir à un cabinet-conseil alors que le Parti auquel appartient l’ancien ministre et actuel président de la région regorge de compétences hyper qualifiées et expérimentées. Ne préside-t-il pas lui-même l’une des associations marocaines qui regroupe les plus brillants experts en économie, finances, développement, etc. au Maroc ?… L’Alliance des économistes istiqlaliens est un think-tank des plus riches en matière grise au Maroc.

3-    Pourquoi le choix s’est-il porté sur ce cabinet précisément ? Celui qui a pris cette décision pourrait-il expliquer ce choix de manière rationnelle ? A-t-il été le moins cher ? Si c’est le cas, cela est-il un bon critère. A-t-il présenté la meilleure approche ? Si c’est le cas pourrait-on y accéder en tant qu’électeurs ?… Le choix a-t-il été fait sur la base de critères subjectifs ? Rien n’est exclu.

Par ailleurs, et pour conclure. Je devrais préciser que le dirigeant de la région de Casablanca n’est pas le seul à avoir fait ce choix. Des ministères, des entreprises publiques, des communes, des chambres professionnelles… Tout le monde semble opter pour cette voie facile de servir les intérêts de la communauté, comme ils le prétendent. Un choix qui fait perdre aux caisses du Royaume 700 millions de DH par an.

Cela dit, je me pose la question suivante : ne serait-il pas plus judicieux , vu cette dérive très dangereuse, de soumettre au vote électoral les cabinets-conseils au lieu des Partis ? Eux au moins, ils pourraient, disent-ils, nous présenter leurs études comme étant des programmes électoraux. Comme ça le citoyen pourra choisir directement et élire McKinsey, BCG, Deloitte, KPMG, Ernst & Young, ou plein d’autres… Ce sera un bon raccourci et ce sera aussi, bien évidemment, moins couteux puisque le ministère de l’Intérieur n’aura pas à débourser des milliards pour subventionner les campagnes électorales des Partis.

Je pense qu’il est temps de se ressaisir et de commencer à rétablir la confiance dans nos compétences et d’arrêter cette dérive. La Cour des comptes devrait bientôt commencer à mettre sous la loupe non seulement le respect des procédures dans l’octroi des desdits marchés mais elle examinera de près les livrables, leur conformité, leur utilité et leur exploitation.

Et certains rendront des comptes.

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