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Tunisie, et après ?

Tunisie, et après ?

Ce serait une erreur de penser que l’évolution dangereuse et hostile enregistrée par la présidence tunisienne, envers le Maroc et ses intérêts nationaux suprêmes, est un acte isolé.

Au contraire, cela fait partie d’un processus à plusieurs volets visant à faire pression sur le Maroc, afin de freiner le début de son émergence, dépassant ce qui est autorisé, au sien de son espace maghrébin, ouest-africain et ouest-méditerranéen.

Et s’il est clair que le fer de lance de cet agenda (pour des raisons qui relèvent de la psychose d’une crise d’identité) est l’élite dirigeante en Algérie, les vrais instigateurs qui ont le plus de poids que le régime algérien et le régime tunisien, et aussi le plus de capacités à nuire, sont à l’arrière-plan de la scène. Et c’est normal, en tout cas, dans la bousculade des intérêts. Au final, le président Kais Saied n’est rien d’autre qu’un outil de mise en œuvre.

La Tunisie (élite et système politique), a eu toujours des attitudes pragmatiques, grâce à son héritage carthaginois enraciné, et nous avons de cela, dans l’histoire, beaucoup d’expressions, politique, commerciale, économique et comportemental. Et c’est grâce à son pragmatisme éprouvé, qu’elle a possédait toujours des élites intellectuelles et politiques, qui défendaient « l’intérêt national supérieur de la Tunisie », dont le but principal est la préservation de « l’indépendance de la décision tunisienne » dans son environnement, qui était et restera toujours le portail d’un tas de danger pour le pays et son peuple.

A chaque étape historique, l’élite tunisienne a réussi ce que l’on peut qualifier de « Tunisier » toute puissance étrangère entrante, et cela depuis l’époque romaine jusqu’a l’époque ottomane (cela n’a jamais été possible pour son voisinage géographique le plus proche, qu’il soit à l’ouest ou à l’est).

Depuis le XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, l’élite tunisienne suit une logique des équilibres qui protège son « intérêt national », ce qui a élevé le sens du nationalisme tunisien depuis plus de deux siècles, au moins depuis la phase des « Beys Hassani de Tunisie » qui ont mis fin à l’obéissance a la haute porte Ottomane, à partir de l’an 1705 après JC. C’est la même logique d’équilibres que ses élites modernes n’ont cessé de poursuivre, pour servir leur intérêt national suprême, dans les bousculades de la phase d’indépendance du colonialisme dans son environnement maghrébin, africain et arabe.

En ce sens, la nouvelle élite politique en Tunisie (tant dans l’État que dans la société) a suivi des tactiques intelligentes, utilisant des techniques de pression et de tentation à telle ou telle occasion, dans telle ou telle crise, au Maghreb,dans le monde arabe et en Afrique.

Et c’est une tactique qui sert l’horizon d’une vision stratégique dont le but suprême est de garantir l’indépendance de la prise de décision tunisienne et de rendre l’intérêt tunisien exigée et nécessaire à tous.C’est-à-dire un bon investissement dans les besoins d’équilibres dans la mêlée d’intérêts entre les grandes puissances géographiques (les grands en poids géographiques et financier, économiques, militaires et de sécurité, pas au sens des valeurs).

Ce qui lui a permis de donner naissance à une élite politique très intelligente, pragmatique et audacieuse, dont certaines ont jouer des rôles efficaces même en dehors des frontières du pays, ce qui a fait valoir en grandeur la Tunisie même avec sa petite taille géographique.

Cette Tunisie, avec son nouveau président, Kais Saied (qui aspire à être le nouveau « Bey de Tunisie al-Hasani » pour le 21e siècle), franchira avec persistance une étape qui marquera une différence complète par rapport à ce qui peut être décrit comme « l’esprit d’équilibre » traditionnel de la politique tunisien vis-à-vis des pays maghrébins, méditerranéens, arabes et africains.

Et avec ce virement choquant, contre nos intérêt suprême, en peu qualifier cela d' »agression « , d’hostilité équivalant presque à une « déclaration de guerre » (ce qui, en passant, est bien beaucoup supérieur à la position du président Bourguiba sur la question mauritanienne au début des années soixante).

La plus grande interprétation de la position du « Nouveau Bey de Tunisie », que le devoir de notre intérêt national marocain nous impose de traiter dans les années à venir, est qu’elle est l’inauguration d’un remaniement majeur de notre réalité politique maghrébine, en intersection avec des intérêts mondiaux plus larges, qui ont imposé des alignements différents qu’avant la pandémie de Corona et avant la guerre d’Ukraine. Et que son gros titre est la formation pratique d’un bloc franco-algérien-tunisien (méditerranéen), parallèlement aux prémices de la formation d’un autre axe égypto-libyen-italien-allemand.

Coté Marocain nous somme donc dans l’obligation, pour défendre nos droits nationaux suprêmes, au sein de notre aire géographique, méditerranéenne et atlantique, de renforcer notre axe géostratégique hispano-portugais-mauritanien-sénégalais-américain.
La position agressive du « Nouveau Bey de Tunisie » contre nos intérêts nationaux suprêmes (qui a dressé le tapis rouge pour ceux qui conspire pour diviser notre intégrité territoriale avec une bravade sans précédent), nous libérait quelque part, pour prendre des mesures plus dures au sein de notre axe géostratégique.

La clarté dans l’agression est parfois une bénédiction, car elle nous libérera à l’avenir, même moralement, de toute accusation de ne pas intervenir pour aider la Tunisie lorsque l’intérêt algérien l’étouffera, d’une manière bien supérieure aux événements de Gafsa au début des années 80, mais on craint que ce ne soit une répétition du scénario de la Syrie au Liban depuis 1975 (avec ses épices iraniennes aussi, où la pénétration iranienne en Tunisie et en Algérie aujourd’hui est manifeste).

Le sens du « Grand Maghreb arabe » dans la logique des générations de nos mouvements de libération nationale du XXe siècle est révolu, et il faut pragmatiquement établir un nouveau sens pour « l’Afrique Nord occidentale », dans lequel les intérêts sont clairs et les rapports de force sont équilibrés.

Les jours à venir trancheront.

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